Publiée le 20 juin 2025

Municipales 2025 : Faites entrer le conseil scientifique à l’hôtel de ville !

À Victoriaville, comme à Longueuil, les réalités du territoire façonnent les décisions publiques. Le Québec compte 1 108 municipalités, chacune avec sa culture, ses priorités, ses défis. Et pourtant, la majorité prennent des décisions sans accès direct à une expertise scientifique adaptée à leur contexte. Dans un monde où l’abondance d’information rivalise avec la complexité des enjeux, il est urgent de créer des passerelles durables entre science et politique municipale. Cela commence par une science disponible en français, compréhensible dans la langue des personnes élues, mais aussi dans leur réalité. C’est pourquoi, à l’aube des prochaines élections municipales, nous proposons que les candidates et candidats intègrent dans leur programme la création de conseils scientifiques municipaux.

Au centre, Simon Barnabé est le conseiller scientifique en chef de la Ville de Victoriaville. Sur la photo, il est accompagné du maire de Victoriaville, Antoine Tardif, et du recteur de l'Université du Québec à Trois-Rivières, Christian Blanchette.

Les municipalités sont en première ligne face aux grands enjeux de notre époque : changements climatiques, santé publique, aménagement du territoire, adaptation, résilience, intelligence artificielle. Pourtant, les personnes élues à l’échelle municipale doivent souvent naviguer seules dans le chaos informationnel, sans filet scientifique structuré. C’est pour combler ce vide que le Québec a vu naître, à Victoriaville, le premier conseil scientifique municipal, une initiative innovante qui permet de localiser les Objectifs de développement durable (ODD) et de les incarner concrètement sur le terrain.

Les conseillers et conseillères scientifiques en chef municipaux ne sont ni des technocrates ni des militants : ce sont des passeurs et des passeuses de science, possédant une riche formation scientifique et un large réseau d’expertise, en plus d’habiletés de vulgarisation. Parfois à l’emploi d’un établissement d’enseignement supérieur, parfois à l’embauche de la ville, seuls ou organisés en comité, ces experts et expertes constituent une solution simple et adaptable à toute sorte de municipalités, quelle que soit leur taille ou leur localisation. Leur mission? Offrir des avis rigoureux, indépendants et utiles, au plus haut niveau de décision dans les villes.

À Victoriaville, le conseiller scientifique en chef incarne aujourd’hui une nouvelle figure de la diplomatie scientifique de proximité. Il a permis de structurer une stratégie municipale d’atteinte des ODD, de développer de nouveaux marchés en économie circulaire, d’ancrer la résilience dans les politiques locales, et de mobiliser les personnes élues, fonctionnaires et communautés citoyennes autour de décisions plus éclairées. Il a tout simplement permis, en stimulant l’innovation sur le territoire, de gouverner autrement.
Victoriaville a ouvert la voie, et depuis, le mouvement s’est propagé : en à peine deux ans, Longueuil, Gatineau, Sorel-Tracy, Drummondville, la Communauté métropolitaine de Montréal, Mirabel, Salaberry-de-Valleyfield, Sainte-Marthe et Contrecœur ont suivi le mouvement. Pour accompagner cette dynamique, le Fonds de recherche du Québec a mis en place la Table des conseillères et conseillers scientifiques municipaux, un espace de collaboration qui permet à ces expertes et experts de terrain de partager les pratiques les plus prometteuses et de travailler ensemble.

En 2025, il est temps de dire que gouverner sans l’apport de la science, c’est prendre le risque d’agir à l’aveugle.
Nous invitons donc les candidats et candidates à profiter de cette période électorale pour affirmer leur volonté de mieux outiller la gouvernance municipale, en explorant la possibilité de se doter, dans leur ville, d’un conseil scientifique adapté à leur réalité territoriale.

Rémi Quirion, scientifique en chef du Québec
Antoine Tardif, maire de Victoriaville

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